Milarépa , le célèbre "Eveillé" tibétain

Milarepa (1040-1123), saint bouddhiste, yogi et poète tibétain.

Milarepa est généralement tenu pour le plus célèbre des sages tibétains, autant pour ses qualités humaines et spirituelles que pour ses dons poétiques. Après avoir vécu une enfance heureuse, il sombre à la mort de son père dans la pire des infortunes, son oncle, sous prétexte d'assurer sa tutelle, l'ayant réduit au servage, ainsi que sa sœur et sa mère, spoliée entre-temps de tous ses biens. Cherchant à se venger, la mère de Milarepa envoie bientôt son fils apprendre des rudiments de magie noire. Il réussit si bien dans cet art qu'il tue plusieurs personnes en faisant ébouler une maison à l'occasion du mariage du fils aîné de son oncle. Pris de remords et craignant d'être précipité dans les enfers, il se tourne alors vers le bouddhisme, se plaçant sous la direction du maître Marpa (1012-1097), propriétaire terrien et lama renommé, relié à la lignée Kagyupa. Réputé à la fois pour son terrible caractère et pour la qualité de ses traductions du sanscrit, Marpa impose tout d'abord à son disciple, afin de le purifier de ses méfaits, de très douloureuses épreuves, lui faisant notamment construire et démanteler, seul et à plusieurs reprises, une maison dont il prétend avoir besoin. Milarepa touche au désespoir avant que Marpa consente enfin à lui transmettre des méthodes de méditation profonde, qu'il part ensuite appliquer dans la solitude des hautes montagnes.

Là, Milarepa, animé par une farouche détermination, affrontant dans un total dénuement l'hostilité des éléments, des hommes et des démons, pratique sans relâche les instructions de son maître et atteint finalement le parfait Éveil. Sa réputation se répand ensuite rapidement dans tout le Tibet où de nombreux disciples — hommes, femmes, mais aussi démons et êtres surnaturels — se rassemblent autour de lui pour lui témoigner leur dévotion. Mort à l'âge de quatre-vingt-trois ans, il est demeuré pour les bouddhistes de la tradition tibétaine un modèle de sainteté, de persévérance, de liberté et de rayonnement.

Milarepa a par ailleurs été un poète inspiré, qui s'est exprimé dans nombre de chants spontanés. Sa Vie et ses Cent Mille Chants sont des œuvres très populaires au Tibet et ont été traduites en plusieurs langues.



Les Cent mille chants de Milarepa -(extrait) :
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Enfant perdu, j'ai divagué comme la conscience
Dans les villes illusoires des six mondes.
J'ai goûté aux visions fausses du karma.
Parfois j'ai éprouvé l'apparence trompeuse de la faim.
J'ai mangé des restes d'aumônes,
L'ascétisme m'a fait mordre les pierres.
D'autres fois je me suis nourri de shûnyatâ,
De temps en temps j'inventais la patience.

Parfois j'ai perçu l'appel illusoire de la soif.
Je me suis désaltéré à l'eau fraîche des roches,
J'ai compté aussi sur ma propre urine.
D'autres fois je me suis abreuvé au flot de la compassion,
De temps en temps je buvais le nectar des Dakinis.

Parfois j'ai subi l'emprise du froid.
L'habit que je portais étant de seul coton,
J'enflammais la bienfaisante chaleur mystique.
D'autres fois je créais l'endurance, ressource à la douleur.
Quelquefois se levait, chimérique, la vision des amis
Et je me reposais sur l'amitié de la sagesse ultime.

J'ai pratiqué les dix vertus,
Fait l'expérience d'une vue parfaitement pure,
Fouillé jusqu'aux racines l'esprit originel,
Je suis le lion des yogis.
Je développe la crinière turquoise de la contemplation
Et possède les crocs et les griffes de la méditation.
J'ai enquêté au sommet des montagnes enneigées,
Pour récolter, j'espère, le fruit du mérite.

Je suis le tigre des yogis.
Je perfectionne les trois agilités de la bodhicitta
Et possède le sourire où s'unissent méthode et sagesse.
J'ai résidé dans les forêts profondes de l'illumination,
Pour l'apparition, j'espère, de bons fruits pour autrui.

Je suis le vautour des yogis.
Je déploie les vastes ailes qui développent les étapes de création
Et possède les souples rémiges qui stabilisent les degrés d'accomplissement.
Je plane dans le ciel de la vraie réalité de l'union
Et je dors dans la grotte de la vérité suprême,
Avec l'espoir que s'accomplisse le but fructueux de chacun.

Je suis Milarépa, le meilleur des yogis.
Je suis celui qui pourchasse le visage des apparences,
Celui qui accueille tous les souhaits.
Je suis un yogi sans opinions,
Celui qui ne s'empresse jamais, quoi qu'il advienne.
Je suis le renonçant sans vivres,
Le mendiant sans possessions,
Le vagabond nu.
Je suis celui qui a vaincu toutes les pratiques,
Je demeure ici mais n'y réside pas,
Je suis un Fou, heureux de la mort,
Je ne possède rien, je n'ai besoin de rien.

Si vous deviez acquérir les choses nécessaires,
Vous en éprouveriez difficultés, troubles, douleurs,
Vous vous engageriez, bienfaiteur, dans l'adversité.
Quoi qu'il arrive, ne flattez pas le yogi !
En vertu d'une intime conviction,
Attachez-vous seulement à lui donner l'aumône.
Puissiez-vous vivre longtemps, valide en cette vie,
Avec abondance, joie et bénédictions !
Puissiez-vous être admis, plus tard, dans le pur territoire,
Et pratiquer la Doctrine pour le bien d'autrui !

On le représente souvent avec une main à l'oreille , "à l'écoute" , pour bien nous faire comprendre qu'il était à la Véritable "Ecoute" , Celle de Son Moi Supérieur , de Son Esprit , du Divin en lui :

Si vous le pouvez , lisez "Les Cent Mille Chants" de Milarépa . Il y a un enseignement extraordinaire dedans !

Milarepa !!!
Sa vie est son enseignement!

Il écoute les sons subtils des sphères supérieurs qui l'attirent du plan physique vers les mondes de sagesse